L’Alignement-climat est une métrique issue de modèles mathématiques permettant de définir si une entreprise ou bien un portefeuille d’actifs est aligné sur une trajectoire de limitation de la hausse de la température mondiale (à 2°C ou à 1,5°C par exemple) à un horizon défini.
Le degré d’alignement peut être exprimé :
L’Alignement-climat est une métrique s’intégrant à une approche forward looking, qui consiste à se projeter sur un horizon de temps sur un ou plusieurs scénarios.
Cette métrique :
De multiples initiatives règlementaires visent à promouvoir (i) la transparence, (ii) la responsabilité et (iii) l’alignement des investissements sur une trajectoire bas carbone. Parmi ces initiatives, on retrouve la Taxonomie européenne, SFDR, l’Article 29 de la LEC, MiFID II et DDA ESG, la Doctrine AMF. Ces dernières induisent des risques pour les acteurs financiers : retour en arrière, juridique ou encore marginalisation de l’offre.
La mesure de l’Alignement-climat des portefeuilles permet de mitiger ces risques de conformité notamment ceux associés au règlement SFDR et à l’Article 29 LEC. Ce dernier impose notamment aux sociétés de gestion, depuis Juillet 2022, de communiquer sur l’alignement de la stratégie d’investissement avec des objectifs d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre selon 2 objectifs :
La métrique d’alignement-climat inclut dans sa méthodologie toutes les informations demandées ci-dessus. Ainsi, il est possible de faire de ce contexte réglementaire une force différenciante de votre stratégie !
En effet, les exigences réglementaires l’Article 29 LEC et la complexité des méthodologies alignement-climat posent des enjeux majeurs aux acteurs financiers :
Le degré de contrôle de la qualité des données doit être proportionnel à l’emploi qui en est fait !
1. Compréhension :s'approprier la métrique et en faire un indicateur pertinent dans les décisions d'investissement
2. Stabilité et données : sélectionner un indicateur reposant sur une méthodologie robuste afin de construire une stratégie d’investissement durable cohérente et ambitieuse
3. Règlementation : remplir toutes les exigences règlementaires afin de limiter le risque de non-conformité dans un contexte de fort essor réglementaire
4. Transparence : construire une stratégie d’investissement durable transparente et compréhensible qui limite l’effet boîte noire
Être en mesure d’expliquer la métrique à l’investisseur final
Si la définition d’un cadre méthodologique commun est nécessaire, il existe en réalité autant d’approches possibles que de combinaisons de ces hypothèses et choix méthodologiques.
La clé pour une stratégie d’investissement ambitieuse, holistique et différenciante est de s’appuyer sur la complémentarité des solutions afin d’en extraire les insights clés et de repérer les signaux faibles !
En bref, il vous faut suivre 3 étapes pour y parvenir :
1. Définir clairement et de manière transparente le cadre méthodologique et des choix techniques
La définition du cadre méthodologique fait référence à tous les choix techniques d’indicateurs, de scénarios et de conversion de ces scénarios en trajectoires benchmark.
Choix stratégiques et méthodologiques à faire :
2. Disposer des données pour mesurer la performance climatique de ses actifs et par agrégation au niveau de ses portefeuilles
Le cadre méthodologique défini au préalable permet ensuite de déterminer l’alignement-climat d’une entreprise en comparant sa performance future à un benchmark
Choix stratégiques et méthodologiques à faire :
3. Fixer des objectifs quantitatifs d’alignement et s’outiller pour le pilotage et le reporting de la métrique « alignement-climat »
Afin d’obtenir l’alignement-climat du portefeuille, il faut déterminer l’alignement de tous les émetteurs et agréger les résultats au niveau du portefeuille.
Choix stratégiques et méthodologiques à faire :
Les solutions ci-dessus ont été mises en place pour aider les acteurs à faire face aux limites méthodologiques rencontrées pour mesurer leur alignement-climat.
Toutefois, selon Luc Olivier de LFDE, cette métrique ne peut être l’unique mesure d’impact utilisée :
« Le calcul de cette métrique reste un modèle imparfait. En effet, il est basé sur des hypothèses très nombreuses dont la méthodologie de calcul varie selon le provider choisi. Nous pensons donc que cet indicateur ne peut pas garantir l’impact d’un fonds et doit donc être utilisé en complément d’autres stratégies, notamment à travers la mise en place d’un engagement actionnarial fort et continu. » Luc Olivier, gérant d’Echiquier Climate Impact Europe à La Financière de l’Echiquier.
La principale faiblesse des méthodes d’alignement-climat des portefeuilles est le manque de données. En effet, la disponibilité des données ainsi que leur qualité varie selon les entreprises et les secteurs d’activité. Il est donc fréquent d’être confronté à des données manquantes ou de mauvaise qualité pour plusieurs raisons :
Points d’attention des régulateurs :
• Prendre en compte les scope 1, 2 et 3 dans le calcul de la métrique d’alignement
• Être capable de recalculer une fois par an l’alignement du portefeuille
• Provenance des données et couverture du portefeuille
• Fiabilité des données
• Gestion des données manquantes
1. Exclusion : il est recommandé d’exclure les secteurs ou les sociétés comportant trop de données manquantes car cela peut conduire à un résultat d’alignement biaisé et décorrélé de la réalité.
2. Pénaliser les secteurs ou les sociétés comportant trop de données manquantes par exemple en leur attribuant un score par défaut.
3. Entamer un dialogue avec ces entreprises.
4.Mettre en place un contrôle de la donnée :
5. Indiquer le taux de couverture du portefeuille.
6. Indiquer si des données sont estimées et la manière dont elles sont estimées.
La donnée n’est toutefois pas l’unique limite liée à cette métrique. En effet, Yolande Poulou d’Axa IM nous explique la complexité du calcul de cet alignement climat :
« Plusieurs limites existent dans la méthodologie de calcul de l’alignement d’une entreprise. D’une part, il y a un manque de granularité des secteurs par rapport à la décarbonisation, résultant en un model encore plus approximatif qu’il ne l’était. D’autre part, il y a un manque d’analyse qualitative par rapport aux targets et engagements annoncés par une entreprise. En effet, chaque société devrait être analysée pour s’assurer que son objectif de réduction carbone est réaliste et conforme à son secteur d’activité. Enfin, la qualité de la donnée reste une limite considérable dans le calcul de cette métrique, mais qui va peut-être s’améliorer avec la réglementation SFDR. » Head of Responsible Investment Tools, Models & Solutions chez Axa IM
Pour plus de détails, nous vous invitons à consulter les annexes.