L’engagement actionnarial constitue un pilier des stratégies d’investissement durable. En tant qu’apporteurs de capital, les sociétés d’investissement disposent d’un statut privilégié qui leur permet d’initier un dialogue avec les entreprises, ainsi que du droit de voter aux assemblées générales des sociétés investies. Cela permet de défendre les considérations environnementales, sociales ou de gouvernance dans la prise de décision opérationnelle des entreprises. L’engagement est donc naturellement mis en avant par les sociétés de gestion pour justifier de leur implication sur les sujets ESG.
Néanmoins, si l’engagement ne représente pas un véritable pan de la stratégie ESG d’un acteur, sa mise en avant peut entraîner un risque de greenwashing.
En juin 2023, WeeFin publiait le baromètre de la finance durable faisant état des lieux des pratiques ESG & impact des gestionnaires d’actifs, basé sur un panel de 50 fonds Article 8 et 9 au sens de SFDR.
Nous avions alors pu constater que 14% des sociétés de gestion ne publiaient pas d’informations suffisamment précises sur leurs pratiques d’engagement.
En 2024, nous avons élargi notre périmètre de revue à 75 fonds et mené de nouvelles analyses, plus granulaires, afin d’apprécier à la fois les engagements pris par les acteurs en matière de vote et de dialogue et leurs résultats au travers des rapports publiés.
L’analyse s’est notamment appuyée sur les critères développés par le nouveau référentiel du label ISR sur l’engagement actionnarial. Cette dernière version encourage la publication d’un processus formalisé et transparent précisant l’ensemble des modalités des activités de vote et d’engagement des gestionnaires d'actifs. Un niveau de détail très important est exigé : la bonne pratique en la matière est de communiquer le périmètre couvert par le vote et l’engagement, les règles de vote appliquées, les éléments déclencheurs du dialogue, la procédure d’escalade, ainsi que le détail des résultats de ces politiques.
Ainsi, en 2024, nous avons constaté :
Ce constat repose sur un paradoxe : même si l’engagement actionnarial connaît une grande popularité parmi les acteurs financiers, il peut s’avérer difficile pour eux de réunir l’expertise et les moyens nécessaires à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique d’engagement à la hauteur de leurs ambitions.
En effet, la construction et la restitution d’un processus d’engagement complet requiert une connaissance approfondie des enjeux à adresser pour chaque secteur économique, géographie, ou type d’acteur. Cela nécessite également de consacrer du temps et des effectifs à l'accompagnement des entreprises engagées. Au-delà de ces moyens humains indispensables, exécuter efficacement une politique d’engagement implique de mobiliser des moyens techniques importants, et notamment concernant les données ESG, qui demeurent un enjeu de taille dans le développement de la finance responsable. Les données ESG permettent en effet d’identifier les acteurs à engager et de suivre leurs pratiques tout au long de la période d'engagement. L’accès à ces données est donc une première étape incontournable pour mettre en œuvre une politique d’engagement. Il faut par ailleurs être capable de créer un lien entre ces données et les résultats de l’engagement, mais également avec les controverses, la politique d’exclusion, et l’ensemble des composantes de la politique d’investissement responsable d’une société de gestion, comme le score ESG par exemple.
Pour toutes ces raisons, la mise en avant de l’engagement actionnarial peut donner lieu à un risque de réputation significatif, et les acteurs de la Place sont donc encouragés à sophistiquer et à renforcer leurs pratiques. Les plus petits acteurs, en particulier, sont très pénalisés et rencontrent davantage de difficultés à faire entendre leur voix en raison d’effectifs et de taux de détention plus faibles.
Grâce à notre plateforme ESG Connect, nous accompagnons les acteurs financiers sur toutes ces étapes pour les aider à aligner leurs pratiques et leurs stratégies d’investissement sur leurs convictions.